Rencontre avec YVON LE MEN
YVON LE MEN A LA RENCONTRE DE LYCEENS DU LYCÉE DESCARTES
Invité dans le cadre du « Printemps des Poètes », le vendredi 11 mars 2022 au CDI, des lycéens ont échangé avec Yvon Le Men sur son oeuvre poétique et son métier d’écrivain.
Yvon, Le Men, réside à Lannion, en Bretagne, où il crée, en 1992, les soirées « Il fait un temps de poème » en collaboration avec l’espace culturel, Le Carré magique. Depuis son premier livre en 1974, il vit de l’écriture et de la lecture, de mises en scène de son oeuvre poétique, de récitals, alternant les moments de création solitaires et de partage au public : « L’écriture, c’est la solitude et l’absence. La scène, c’est la présence et le partage. J’ai besoin de ces deux chemins ».
Programmateur au festival « Étonnants Voyageurs de Saint-Malo », il y crée un espace dédié à la poésie. Grand voyageur lui-même, Yvon Le Men édite une trilogie « Les Continents sont des radeaux perdus » qui évoque des instants vécus, des rencontres, des visages, des paysages de pays traversés, souvent mis en regard avec des citations littéraires de différentes cultures et époques.
Sa poésie est traduite dans une vingtaine de pays dont la Chine, le Liban, le Québec, le Brésil, Haïti, le Congo, le Mali, l’Algérie, le Maroc et dans presque tous les pays d’Europe.
Lauréat de nombreux prix dont le prix de poésie Théophile-Gautier de l’Académie française en 2012 et le prix Goncourt de Poésie décerné en 2019 pour l’ensemble de son oeuvre, il a été nommé chevalier, en 1997, puis officier dans l’ordre des Arts et des Lettres en 2012, ainsi que chevalier dans l’ordre national du Mérite en 2006.
Répondant aux questions des lycéens, autour de la création poétique et la confection des recueils, Yvon Le Men a évoqué son parcours de vie, revenant à plusieurs reprises sur l’importance d’aller de l’avant sur un chemin qu’il a fallu tracé par soi-même, la confiance en soi, un rythme de travail régulier, une réception au monde pour entrevoir le poème à faire. Pour lui, « Il faut toujours oser le poème ».
Morceaux choisis : Besoin de poème d’Yvon Le Men. Éditions Seuil 2006. « Pourquoi n’ai-je pas pris une autre route, pourquoi n’ai-je pas cherché un travail normal, comme on disait, comme si écrire et dire des poèmes n’était pas un travail. J’aurais pu être… Mais je ne voulais, pour rien au monde, changer de cap.
Peut-être parce que depuis ma sortie, mon évasion de la pension où je m’étais senti très malheureux, je ne voulais plus recevoir d’ordre de quiconque, sauf ceux que je me donnerais à moi-même. Sûrement parce que j’avais trouvé dans la poésie, la mienne et surtout celle des autres, une consolation, une énergie et une mise en forme de la vie, de ma vie. »
« Nous sommes un peu poètes au départ. Mais il faut savoir entretenir le feu des noms dans nos voix. Tous les enfants ont de jolies phrases pleine de joie dans leurs mots. Presque toutes les grandes personnes les oublient …amoureux des mots toujours comme pour la première fois toujours jusqu’à la dernière fois
Mais où sont les mots ? Dans nos cœurs, nos rêves, dans les poches de nos amis, dans leurs mains, sur la lune et au soleil, à la montagne et à la mer, dans les caves et sur les toits, dans les villes te dans les champs.
Partout, partout où se trouvent des hommes. Et même quand ils sont morts, on en parle encore – avec des mots -pour ne pas oublier. C’est parce que c’est simple comme la vie que c’est difficile. Essayez de le dire, quand vous avez un gros chagrin, ce chagrin, quand vous êtes heureux, ce bonheur : c’est super. Et ensuite … ? (…)
Un poète sait qu’on ne sait pas dire mais il essaie quand même. Comme un funambule , il relie la terre au ciel »